Une petite chapelle

Sur un éperon rocheux, dans le vallon de Laghet, existait depuis le XVème siècle une petite chapelle qui servait d’abri tant aux hommes qu’auxbêtes,entourée de quelques maisons où vivaient des paysans ou des bergers. Elle avait été restaurée en 1625 par les soins de Don Jacques FIGHIERA,prêtre d’Eze, dont dépendait le territoire de Laghet. En 1652, la Vierge Marie manifeste sa présence invisible par des signes de sa bonté : guérisons « spectaculaires », délivrances de prisonniers et de possédés se multiplient. La nouvelle se répand. On vient de tout le voisinage.

Don Jacques Fighiera possédait une belle statue de la Vierge qu’il avait fait sculpter dans un tronc de sorbier par un artiste parisien, Pierre Moise, et orner de peintures polychromes par l’artiste niçois, Jean Rocca.En présence des miracles que la Vierge accomplissait à Laghet, Don Jacques Fighiera décida de donner cette statue au Sanctuaire. Elle fut portée en procession par les Pénitents Blancs d’Eze,le 24 juin 1652. C’est cette statue que l’on peut voir dans l’église au-dessus du maître autel.

Les miracles se multiplient et les pèlerins accourent en foule de Nice, de Monaco. , de la Provence et de la Ligurie voisine (Vintimille, San Remo…) Le sanctuaire est construit en 3 ans. L’église est inaugurée le 21 novembre 1656. Devant ce mouvement de pèlerins, l’Evêque de Nice, Monseigneur de Palletis, réunit une commission de théologiens pour examiner les « faits de Laghet ». Le 20 décembre 1653 cette commission conclut à l’authenticité des miracles.

La révolution française

En 1674, Mgr Provana de Leyni, lui-même Carme, confie le monastère aux Pères Carmes déchaux qui assurèrent une présence de prière et de travail dans la pauvreté au service des pèlerins attachés à Notre-Dame de Laghet, jusqu’à leur expulsion par les lois contre les congrégations en 1903.

1792 fut une année mémorable pour le Sanctuaire. Les troupes révolutionnaires françaises passent le pont du Var, entrent dans le Comté de Nice; nobles et religieux fuient. Les pères Carmes abandonnent le monastère pour Turin.La vénérable statue fut cachée à La Turbie, par un intendant du monastère, Denis Lanteri, originaire de Tende. Les bâtiments furent saccagés et tous les ex-voto brûlés.

Il fallut attendre 1797 pour que la chapelle soit à nouveau ouverte au culte. Les Pères Carmes revinrent en 1815.

Le XIXe. siècle vit la naissance à Camporosso (à côté de Vintimille) de celui qui devait devenir Saint François-Marie, le  » Padre Santo » de Gênes.

Jeune enfant il avait été guéri par l’intercession de Notre-Dame de Laghet et devint frère capucin à Gênes, où il se rend très populaire, parlant à tous, donnant de sages conseils, distribuant des médailles de Notre Dame de Laghet. Il offre sa vie, lors de l’épidémie de choléra, et quand il meurt, le 17 septembre 1866, le fléau cesse. Il fut canonisé par le Pape Jean XXIII le 9 décembre 1962.

Le Roi Charles-Félix de Sardaigne-Piémont et la Reine viennent deux fois à Laghet (1826 et 1830) et offrent des lampes à huile en argent qui sont toujours dans le chœur.

Le couronnement de Notre-Dame de Laghet

Le 19 avril 1900, la statue de Notre-Dame de Laghet est couronnée solennellement par Mgr.Lecot cardinal archevêque de Bordeaux. En 1903, les Pères Carmes sont expulsés. L’église est fermée, le monastère vendu aux enchères. Le Chanoine Daldéra, de Cantaron, le rachète pour le diocèse, Mgr Chapon, évêque de Nice, obtient la réouverture de l’église, comme paroisse du village de Laghet, y installe le Petit Séminaire (qui y restera jusqu’en 1930) et les pèlerinages reprennent.

Les ex-voto attirent l’attention non seulement des touristes, de ceux qui viennent prier au Sanctuaire, mais aussi celle de jeunes universitaires français ou étrangers qui étudient le sens de la religion populaire.

En 1930,le Petit Séminaire est transféré à Cannes, le sanctuaire, toujours animé par des prêtres du diocèse, devient maison d’accueil pour des retraites spirituelles.

En 1952, les fêtes du Tricentenaire sont présidées par Mgr Roncalli (futur Pape Jean XXIII), alors nonce à Paris et par Mgr Rémond, archevêque-évêque de Nice.

A partir de 1964, l’église est restaurée sous la diligence du recteur, le Père Pierre Silvy ; son successeur, le Père Pierre Lanza, avec l’Association des Amis de Notre Dame de Laghet, restaure l’ensemble des bâtiments.

1978 marque une étape dans la vie du Sanctuaire : les sœurs bénédictines du Sacré Cœur de Montmartre viennent se mettre au service du diocèse.

Comme au temps des Pères Carmes,la Liturgie des Heures est chantée tous les jours, l’adoration du Saint Sacrement est aussi quotidienne.

Le Chapelet y est médité tous les jours mais le point culminant de cette vie de prière est l’Eucharistie. Peu à peu, les fidèles découvrent la beauté de l’office divin et la louange de l’adoration silencieuse.

L’Année des Prodiges

Ainsi, « l’Année des Prodiges » inaugurée en 1652 se poursuit-elle jour après jour, témoignage invisible de Marie, l’Immaculée, Mère de Jésus et la nôtre.

En 2002, Mgr Jean Bonfils, évêque de Nice, décide de ré-ouvrir le Séminaire diocésain (fermé depuis 1966).

De 2002 à 2013, le Séminaire de Laghet a formé une vingtaine de prêtres pour les diocèses de Nice et de Monaco (et un pour Vintimille).

En juin 2013, le nombre des séminaristes étant insuffisant, le Séminaire de Laghet a été suspendu et les séminaristes envoyés à Aix-en-Provence.

Actuellement, le Père Richard, missionnaire de La Salette de la Province de Madagascar est recteur du sanctuaire ; le Père Ardo et le Père André, tous les deux également missionnaires de La Salette de la Province de Madagascar, sont chapelains. Le Père Michel Dejouy, prêtre diocésain, est aussi chapelain. Ainsi, il y a toujours un prêtre disponible matin et après-midi au bureau d’accueil dans le cloître.